Un travail de plain-pied dans la "vraie vie" qui met l’humain au premier plan
Fonctionnaire du ministère de la Justice, Adélaïde travaille en lien avec les magistrats et les juges d’application des peines, et dire que son métier la passionne est un euphémisme. Portée par sa foi en l’humain et en ce qu’il peut produire de meilleur, elle œuvre notamment à la prévention de la récidive en accompagnant des personnes qui ont commis des infractions, des délits ou des crimes.
Comment êtes-vous perçue par les personnes dont vous assurez le suivi ?
J’incarne l’autorité judiciaire. En prison, j’ai plutôt une image positive, car je fais le lien avec la famille et l’extérieur. Je suis celle qui va permettre la réalisation d’un projet de sortie anticipée par exemple. En milieu ouvert, c’est un peu différent : les personnes se soumettent à un suivi dont je suis en charge. Je contrôle les obligations posées par la justice, tout en mettant en place des outils de prévention de la récidive. Cela va de l’entretien individuel régulier à l’organisation de groupes de parole, en passant par la mise en place de mesures de justice ou de médiation restaurative – inspirées de ce qui se fait au Canada –, comme des rencontres entre auteurs et victimes du même type d’infraction.
Comment réagissent les gens lorsque vous leur dites ce que vous faites « dans la vie » ?
C’est un domaine qui peut déranger, inquiéter ou effrayer certaines personnes. Dans ce cas, elles vont rapidement changer de sujet. D’autres sont curieuses, voire fascinées, et posent de nombreuses questions. Ce sont des réactions logiques, car ce métier n’est « médiatisé » que depuis peu.
Que pense votre famille de votre métier ?
Je ne suis pas certaine que tous les membres de ma famille soient capables de dire exactement ce que je fais ! Il est difficile pour eux de comprendre que l’on puisse s’intéresser à cet univers : nous travaillons avec un public compliqué, dans des conditions matérielles assez déplorables ; la charge de travail est importante (150 dossiers par conseiller) et la reconnaissance sociale est quasi nulle. Mais si je peux avoir un rôle positif sur 10 % des dossiers que je suis, c’est déjà bien !
© Émilie photographie le monde
Le mot de la fin ?
Réintégrer les personnes condamnées dans la société et faire en sorte qu’elles ne récidivent pas est l’affaire de tous. Chacun peut jouer un rôle et c’est ce à quoi je travaille quotidiennement. Je sais qu’il est difficile d’impliquer les personnes de la société civile, mais je suis de nature optimiste !
Crédits
- Smart & Make Up • Prestation Une Femme pas comme les autres • https://www.smart-and-makeup.com/
- Photos : Émilie photographie le monde • https://www.emiliephotographielemonde.com/
- Éditorial : interview et rédaction – LA GRIFFE ÉDITORIALE • Laurence Fauché-Nicoleau • https://www.lagriffeeditoriale.fr